(Français) Les Traverses : Portrait


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BE Larp a décidé de mettre en lumière ses associations membres ! Aujourd’hui, c’est l’ASBL Les Traverses –  membre BE Larp depuis 2017 – qui a été mise à l’honneur. Les fondateur.rice.s de l’ASBL livrent leurs impressions sur cette ASBL qui organise des activités qui proposent une pluralité d’ambiances à destination d’un public varié.

« Les Traverses », Pourquoi ? 

C’est une référence à l’expression “Les chemins de traverses”, un raccourci, un chemin plus direct entre deux points… Et dans notre cas, vers l’imaginaire, vers d’autres lieux, d’autres vécus, d’autres époques. C’est aussi un lien avec le jeu de rôle et le roman de Mathieu Gaborit (Ecryme et Bohème), particulièrement cher à l’un de nos organisateurs. Dans ces récits, les Traverses sont d’immenses ponts, construits entre quelques rares îlots de vie, dotés chacun d’une atmosphère et d’une culture propre. Des mondes à part, ainsi reliés par le désir des hommes de vivre ensemble, d’échanger.

Les débuts de l’association

Au départ, nous nous sommes retrouvés autour du projet d’écrire une soirée enquête pour nos amis et amies (“Pirate, picole et pinaillage” devenu “Barnum” par la suite). Celle-ci ayant pris une assez grande ampleur et l’expérience ayant été amusante, nous avons décidé de la réitérer mais en l’ouvrant à un public extérieur. C’est à ce moment que nous avons décidé de fonder l’association, dans le but premier d’offrir une protection juridique et de rassembler le matériel. Néanmoins notre motivation principale reste de nous amuser et d’offrir des expériences insolites. L’association est composée d’un noyau des quatre membres fondateurs et reçoit le soutien de nos amis, amies et connaissances sans qui rien ne serait vraiment possible.

Des convictions au centre du jeu

Nous ne cherchons pas vraiment à nous comparer aux autres ou ranger les choses dans des cases.Nous essayons autant que faire se peut de proposer des expériences de jeu de manière transparente et d’y engager nos convictions. Paiement solidaire, sécurité émotionnelle, rôles de genre neutre ou en parité, clarté sur le contenu du jeu et de l’expérience… Mais nous somme loin d’être les seuls ou même des pionniers sur ces points, au contraire nous en apprenons chaque jour.

Un concept en huis clos, pourquoi ?

À la fois par contrainte, car nous sommes une petite équipe soudée et souhaitons le rester ; mais aussi par envie, nous sortions de plusieurs années de mass-larp et des formats plus intimes nous semblaient une approche qui nous correspondait plus pour raconter et faire vivre des histoires différentes

Les projets des Tarverses

  • Barnum à Liberia

Comme évoqué précédemment, la première version de Barnum à Libéria a été écrite pour un public d’amis. Dès le départ le projet avait pour ambition d’être fun et d’évoquer l’univers classique et romantique de la piraterie et de ses légendes, tout en restant relativement léger. Nous avions également décidé que le jeu aurait une perspective ludiste et des objectifs clairs. Notamment qu’il ne serait pas complètement immersif, mais qu’on verrait en partie “les fils”, au travers de mini-jeu ou d’interactions avec la carte de l’île en salle orga. La structure du jeu en équipage et l’écriture des grands axes scénaristiques nous ont permis au fur et à mesure de l’écriture d’imbriquer chaque histoire de Libéria et de faire émerger une partie des personnages avant de passer à la rédaction des rôles proprement dite.

Après le premier opus, nous avons embarqué trois de nos joueurs qui ont rejoint l’équipe pour travailler avec nous tous les points problématiques que nous avions identifiés ou qui nous avaient été signalés. Et avec cette équipe élargie, nous avons organisé les deux éditions suivantes de Barnum en améliorant la logistique, certaines interactions entre joueurs et quelques rôles jugés plus faibles. En tant que première expérience cela nous a fait prendre conscience de la complexité des contingences de l’organisation. Depuis la gestion des inscriptions et des remplacements jusqu’à l’organisation du couchage, ce sont des postes exigeants mais qui conditionnent le succès de l’expérience. Cela nous a permis également de régler nos attentes et nos critères d’évaluation sur la qualité ou le succès d’un huis-clos. Si tout le monde est venu, a eu à manger et a pu rentrer en sécurité ainsi que le matériel, c’est déjà une réussite. Nous espérons évidemment que tout le monde s’amuse et y trouve son compte, mais il va de soi que les joueurs et joueuses vont s’approprier ce qu’on avait imaginé, le modifier et s’y ajouter, transformant une œuvre écrite en œuvre vivante, unique, sur laquelle nous n’avons plus le contrôle. Finalement donc, rien n’aurait été possible sans nos amis et amies qui nous ont aidés, sans Total GN qui nous a prêté une bonne partie du matériel, mais surtout sans les joueurs et joueuses qui ont fait vivre leur Libéria.

  • Le chagrin des Belges

Origine : Kevin Gony, historien et auteur du grandeur nature, nous a proposé d’organiser Le chagrin des Belges à ses côtés. Il cherchait depuis plusieurs années à mettre sur pied un projet alliant un cadre intéressant et novateur de grandeur nature avec une thématique historique pertinente. L’idée d’offrir une expérience ludique autour de questions de mémoire nous a semblé originale tout autant que le format d’un procès d’assises. Les Traverses ont assuré l’encadrement et la logistique autour du projet pour libérer les scénaristes de ces contraintes.

Succès et mode d’inscriptions: Force est de constater qu’en Belgique francophone, il y a énormément de joueurs et joueuses prêtes à s’investir dans des formats dont la scène belge n’est pas encore coutumière, et a contrario, pas assez de grandeurs natures organisés pour répondre à ces envies. Le sujet et le format du Chagrin des Belges en font une expérience atypique et rare pour celles et ceux qui soit s’intéressent à ces questions d’histoire soit sont attirés par des GN sortant des classiques de l’imaginaire. En ce qui concerne la sélection, comme pour tout projet, celle-ci a été ardue et les scénaristes ont dû jongler avec de nombreux paramètres. Équilibrer les envies et les interdits des joueurs et joueuses, ainsi que les contraintes liées à certains rôles fut un exercice délicat, et par nature frustrant.

Prochain rendez-vous:  Un projet scolaire est en cours de gestation, et devrait aboutir début 2021. L’idée de travailler sur la transmission avec de jeunes adultes nous réjouit, même si cette ambition vient avec son lot de contraintes totalement différentes des productions habituelles, ne serait-ce que par la nécessité de retravailler le format. En ce qui concerne une nouvelle session publique, toute l’équipe a exprimé l’envie de réitérer l’expérience. Toutefois, aucune session n’est actuellement planifiée. Donc, le Chagrin des Belges sera-t-il à nouveau joué ? Très probablement. Bientôt ? Pas encore de promesse.

  • Identités

Identités est un GN de science-fiction très intimiste, avec des rôles centrés sur les personnages. Le jeu invite les joueurs et joueuses à se questionner sur la définition de leurs identités au travers des contraintes morales, internes ou externes. Il a été écrit par Amélie “Saki” Orsel, qui nous a proposé de l’organiser avec elle. “De la science-fiction, pourquoi?” Pour emprunter une nouvelle Traverse pardi ! Dans le cadre d’Identités, la science-fiction est une toile de fond qui offre une liberté créatrice tant visuelle que scénaristique, une trame qui vient avec un imaginaire plus libre des joueurs et joueuses et permet de rendre normale toute sorte de choses originales tout en continuant de raconter une histoire centrée sur les personnes.

Prochain rendez-vous : Pour être exact, la session en anglais d’octobre 2020 est maintenue ! Les deux sessions francophones ont été repoussées en 2021 et les dates sont en cours de négociation avec le gîte et les joueurs et joueuses afin de permettre, dans la mesure du possible, à tout le monde d’être présent.

  • Colonie

Loin de toute civilisation, une poignée de femmes et d’hommes portent en leur sein tout l’espoir d’une humanité presque éteinte.Colonie est notre prochaine production en interne, avec l’arrivée notable d’Haroun dans l’équipe : un huis-clos de science-fiction low-tech. Les joueurs et joueuses seront invités à incarner les membres d’une mission de colonisation spatiale. Le jeu est centré sur la vie collective et l’humain est au centre de l’histoire avant la technologie. Le jeu sera non-transparent et scénarisé, et il n’y aura pas d’objectifs clairs ou imposés aux rôles, même si les personnages viendront avec leurs contraintes.

Suite à la pandémie et de façon à pouvoir assumer nos ambitions sereinement, nous avons malheureusement décidé de décaler l’organisation d’un an, comme pour les autres jeux. Néanmoins, les réservations pour deux sessions, mai et août 2022 sont en cours de finalisation, des dates, le site web et la note d’intention complète devraient être publiées prochainement.

A la rencontre des orgas

  • Regard sur l’évolution du projet

Nous tenons beaucoup à garder au centre des préoccupations le fait de nous amuser et de rester une petite équipe. Toutefois, nous prenons beaucoup de plaisir, justement, à collaborer avec d’autres, et à mettre les compétences acquises au service de nos amis et amies pour produire des jeux auxquels nous n’aurions pas pensé nous-même. L’association évolue avec le regard que nous portons sur le GN et la société en général. Chaque jour apporte de nouvelles leçons et Les Traverses sont un endroit agréable pour les mettre en pratique.

  • Côté perso

Nous sommes tous des rôlistes passionnés et passionnées depuis de longues années. Chacun d’entre nous aura une réponse différente à cette question.

Edouard : À titre personnel, même si j’avais déjà participé à Avatar en 2001, c’est le GN Simulacre, organisé par Total GN en 2011 qui a provoqué la prise de conscience de la place que cette passion allait prendre dans ma vie.

Sébastien : pour ma part, après une unique expérience de murder à l’ancienne en tant que joueur, j’ai écrit mon premier (vrai) huis clos en 2005. Cela se passait dans l’univers d’Ecryme, justement. Un vrai bonheur mais solitaire dans la création. Depuis, il y a eu l’aventure Outreterre qui m’a beaucoup fait réfléchir à ma pratique d’orga. Les Traverses, c’est le retour de projets à taille humaine pour moi. De façon générale, j’ai toujours écrit bien plus que je n’ai joué. Tout comme je suis maître de jeu davantage que joueur. J’ai un besoin viscéral d’inventer, d’imaginer, de faire vivre…

Catherine : mon premier GN était Atrium II, en 2003 ou 2004 je crois, en tant que pnj. Pratiquante de jeu de rôle “sur table” depuis plusieurs années, j’y ai découvert (ou redécouvert… enfant, ne le faisions-nous pas naturellement ?) la joie de se fondre entièrement dans un autre personnage, et non uniquement par la parole. Après, j’ai participé à plusieurs GN ou huis-clos (comme la murder Ecryme écrite par Sébastien)…. avec à chaque fois le plaisir du jeu et du partage. Ma première expérience d’écriture date de 2007. Elle s’est faite à quatre mains avec Sébastien et prenait place dans l’univers de Nephilim (un autre jeu de rôle). Imaginer monde, scénario et mécaniques de jeu est au moins aussi amusant que de jouer.

Cédric : Ma première expérience GN a eu lieu lors du huis clos “Nephilim” évoqué plus haut. J’ai ensuite participé à Simulacre et à Outreterre comme joueur. C’est là que je suis passé de l’autre côté du miroir, en intégrant l’équipe logistique de TotalGN pendant 4 ans (aaah, Outreboue…). Après avoir joué Barnum à Libéria dans sa toute première version, j’ai embarqué dans l’équipe des Traverses lors de la fondation de l’ASBL.

Propos recueillis par BE Larp

 

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